Arbtor

Rigole "alimentaire"

Rigole d'alimentation du canal de Nantes à Brest

Rigole 

Rigole « alimentaire »

                Eh oui, il faut bien se remplir la panse surtout en cas de sécheresse ! C’est pourquoi l’on a imaginé cette « rigole » en pente douce (14cm par kilomètre) entre le lac de Vioreau (200ha fermés par un barrage de 130m) et « Bout de bois » sur le canal de Nantes à Brest. Il a fallu en remuer des pelletés de terre pour créer ces 21.3 kilomètres du « petit canal » avec ses ouvrages d’art, dont 4 aqueducs de 8 à 12 arches en pierre taillée et un tunnel de 600 mètres ! Trois années de travaux de 1833 à 1836, de la sueur et des souffrances…

                Notre itinéraire nous conduit d’abord à Saffré où Patrick rêve de traverser l’Isac à gué, mais le niveau d’eau le dissuade de tenter l’aventure. Un salut au château qui, à proximité, attend sa prochaine rénovation, puis nous longeons la forêt rendue célèbre par les résistants qui s’y étaient réfugiés durant la guerre 39/45 et luttaient vaillamment contre les allemands  (voir bulletin N°15). Par une étroite route dissimulée sous des feuilles glissantes nous descendons au petit parking entre Erdre et Arcades (aqueducs), ces ponts qui permettent à la rigole de franchir les vallées.

                A nos pieds, les eaux de L’Erdre bouillonnent sur un barrage rocheux qui protège un gué infranchissable en cette saison. De l’autre côté, sur une colline dévêtue de ses haies, au milieu d’un immense champ de maïs, évolue une batteuse à chenilles. On peut imaginer, hélas, la quantité de pesticides et herbicides entrainés sur la pente vers la rivière en contrebas…Patrick

                Sur notre droite, à quelques pas, se dresse le premier « pont arcade » : 11 mètres de haut, 76 de long, 12 arches. Nous escaladons un rude sentier glissant. Là-haut, l’étroit passage au-dessus de la vallée décourage les moins téméraires : le ciment est rendu glissant par la pluie, et le vertige guette. Retour vers les profondeurs, saut au-dessus d’un fossé et nouvelle escalade…

                De notre côté, un chemin visiblement fréquenté par les Vététistes, sinue le long  du « petit canal » actuellement quasiment vide. Le fond est boueux, les rives fort dégradées. Bien des travaux en perspective pour le CG44 ! A notre gauche, le ravin sur les pentes duquel s’accrochent des arbres impressionnants d’essences variées : beaucoup d’érables aux feuilles jaunissantes, des châtaigniers, des chênes… Une bergeronnette nous accompagne en survolant le cours d’eau par petites étapes. Sur la droite, une muraille rocheuse avec des trouées de niveau où se dressent des fermes. Près de l’une d’elles, évolue une famille de canards cols-verts. De temps à autre des ponts de pierre en forme d’arches permettent de relier les deux rives. Des tracteurs les franchissent pour cultiver les prairies pentues lorsque l’Erdre s’éloigne de la rigole. Au-delà de la rivière, une forêt brille des couleurs automnales. Parfois de courtes averses apportent une saveur supplémentaire à l’ambiance automnale.

                Soudain, Patrick s’arrête : toujours attentif à la vie animale, il distingue des traces sur le chemin. Des sangliers. Il faut dire que le site à la fois grandiose et sauvage, la proche forêt… les cultures de maïs… constituent un environnement favorable. En arrivant à une route « civilisée », nous décidons de faire demi-tour : la nuit tombe vite par ce temps gris… et François-Xavier attend pour quelques passes de foot au jardin… Petit détour par un chemin qui descend jusqu’à une propriété enfermée derrière de hautes grilles en bordure de l’Erdre. A proximité, un tracteur ronfle bruyamment et patine sur la terre grasse en traînant un lourd semoir. Il faut oser…

                Voici le déversoir où le peu d’eau de la rigole s’engouffre pour rejoindre l’Erdre. Pas question de favoriser la montée des eaux du canal de Nantes à Brest en cette saison ! L’architecte de l’époque a bien fait son travail ! Première arcade : descente, franchissement d’un ruisseau peu profond sur des pierres branlantes et montée sur le sentier glissant, marche tranquille jusqu’à la deuxième arcade qui domine le parking, l’espace pique-nique et l’Erdre bouillonnante.

                Une richesse patrimoniale du département à découvrir et préserver.