Arbtor

Crépuscule vayen

     Crépuscule varbcreux.jpgayen

               Ce soir-là, après une journée fraichement ensoleillée, Gaspard décide de me faire découvrir le site du lavoir à Vay… Brusquement le soleil plonge à l’horizon laissant  une vague rouge sang surmontée de lames orangées où se croisent des épées bleu foncé transformer le paysage. Un décor qui s’accorde à merveille avec le théâtre de verdure situé à proximité. Au-dessus de nos têtes, le ballon dégonflé d’une demi-lune affirme sa primauté…

               Gaspard me conduit au pied d’un chêne antique au ventre creux qui l’avalerait volontiers. A quelques mètres, au nord, chante l’eau cristalline du ruisseau qui alimente l’ancien lavoir. Bordé de pierres bleues, bien sûr ! Une mare où plongent de vigoureuses touffes d’herbes, des canalisations en schiste, un pont, des pierres bleues tachées de rouille… Le lieu paraît oublié. Pourtant, entre l’ancien lavoir et le ruisseau, un tronc/banc est prêt à nous accueillir.

               Le site éveille dans l’esprit de Gaspard des souvenirs d’enfance dont il s’efforce de retrouver traces : un gué posé sur le ruisseau, des arbres remarquables par leurs dimensions, leur originalité, une pancarte que l’on devine face au pont de pierres signalant la présence de chauves-souris… Je lui montre un aulne glutineux où pendouillent les chatons mâles et femelles du printemps prochain mêlés aux « minis pommes de pins » porteuse de graines de l’an passé.

               Sur les vestiges du gué nous franchissons le ruisseau peu profond, aux eaux pressées d’atteindre une destination inconnue. Sur l’autre rive, une butte de terre et de pierres témoigne, semble-t-il, d’une construction ancienne, ce que confirme la présence d’un buisson de fragons. Un cercle sauvage et mystérieux qui empiète sur la prairie voisine.

               Nouveau fraGruisseau.jpgnchissement du ruisseau et marche sur un sentier surélevé : un ponton vieillissant dont une partie des rampes s’est détachée. Un chêne chu nous oblige à une quasi reptation… Retour sur le sol humide avant un nouveau pont de bois qui débouche sur un intrigant tunnel végétal. Un animal plonge brutalement dans les eaux une proie dans la gueule. « Loutre » pense Gaspard, « ragondin » plutôt… Ici zone humide, eau libre et biodiversité font bon ménage.

               Une allée rectiligne bordée d’arbres couleur automne conduit au théâtre de verdure. Gaspard montre un arbre fruitier qui l’a toujours intrigué. Il n’est pas difficile d’identifier un figuier défeuillé mais garni d’une multitude de fruits… que personne n’a pris le temps de cueillir. Etonnant vu le prix des figues fraîches, à rapprocher des pommes du jardin public abandonnées aux frelons asiatiques (enfin presque, nous en avons aussi profité).

               Sur notre gauche, les gradins du théâtre, à droite un étang chargé de souvenirs aussi bien pour Gaspard qui se remémore des chasses aux grenouilles que pour Chemins d’avenir : un après-midi pêche où les poissons se perchaient dans les arbres ! Gaspard évoque un décor de rails pour le dernier spectacle. Ne subsistent que quelques dalles de béton. A droite, un monticule est surmonté de rochers. Montée et descente sur une voie herbeuse avant le retour au point de départ près des lagunes de la station d’épuration.

               Un site remaponton.jpgrquable, à la fois sauvage et témoin des civilisations passées, du dynamisme culturel de la commune. Un patrimoine un peu oublié, semble-t-il, des lieux humides pas faciles à valoriser et protéger à proximité immédiate du théâtre de verdure. Et pourtant, ne serait-ce pas un cadre rêvé pour des plantations, des loisirs verts, des jeunes et moins jeunes en marche sur des « Chemins d’avenir »…

 

Mémoire de Vay

               Dans la continuité de nos explorations vayennes et pour avoir des réponses à nos interrogations, Gaspard a contacté « Mémoire de Vay ».

               Une première rencontre a eu lieu en janvier autour d’une galette des rois. L’association, qui travaille actuellement sur un projet d’expo consacré à l’histoire du théâtre au Pays de la pierre bleue, nous a écoutés attentivement et proposé une nouvelle rencontre le 3 février. D’ici là, nous avons été encouragé à poursuivre la découverte du petit patrimoine, particulièrement au village de la Tonnerie. Une rando animée commune ouverte au public pourrait être organisée l’été prochain.

croix17ème.jpg               Petit patrimoine

               Bien sûr, nous avons suivi les conseils et organisé 2 sorties sur les lieux dont une au crépuscule avec Pauline et ses enfants. Départ du lavoir alimenté par un ruisseau où les bottes d’Adahy se sont avérés trop petites, mais quelle joie de patauger dans l’eau courante ! Alors que les adultes poursuivaient leur cheminement sur la passerelle en bois (à rénover) et le sentier marécageux, les enfants ont suivi la voie des eaux jusqu’à un pont, puis remontée vers le théâtre de verdure. Au loin, une haute crois en schiste attire nos regards. Il s’agit de la plus ancienne de la commune datée de 1612. A la base des restes de cadran solaire gravé dans la pierre, fleur de lys et hermines, et surtout une inscription pas facile à déchiffrer qui indique que le monument a été érigé par « Provost de Laubaudier ». Les membres de « Mémoire de Vay » ont placé à proximité un petit panneau métallique qui résume les particularités de la croix.latin.jpg

               Par la route communale, nous atteignons le village de la Bâtinais en longeant des prairies plus ou moins abandonnées, parfois bordées de clôtures en schiste, des mares rappellent le caractère marécageux de la commune... Pauline souligne l’élagage apparemment excessif qui s’étend sur une grande partie des talus.

puitsvire.jpg               A l’entrée du village, un puits en assez bon état, toujours muni d’un « vire » attire notre attention. Plus loin, une nouvelle croix, en fonte, également érigée par la famille Provost de retour du Canada en 1899 demande à dieu protection contre les catastrophes. Sans doute un événement malheureux est-il à l’origine de cette érection. D’ailleurs 2 pleureuses sont placées au pied de la croix. Face à nous, une ancienne longère avec un four intégré à l’un des bâtiments, un étang privé. L’ensemble inspire un sentiment de tranquillité un peu tristounet en cette soirée hivernale.

1fourface.jpg               Nous poursuivons notre cheminement sur la route, côtoyant clôtures en schiste, puits en mauvais état, four récemment utilisé comme en témoigne la suie du pignon, voire une sensation de chaleur qui se dégage de l’intérieur. Gaspard commente lugubrement l’histoire des lieux, évoque sorcière, crimes chute dans un puits. De quoi alimenter l’imagination de Djahny. Nous croyons même identifier la fameuse sorcière près d’une haute demeure… Par la suite, Gaspard nous montre d’autres demeures plus basses que la route susceptibles d’abriter des fantômes. Gaspard, créateur d’atmosphère ! Au point que l’on oublie l’heure et c’est à la tombée de la nuit que nous atteignons le théâtre de verdure, point de départ de cette intéressante aventure.

               Nous envisageons de terminer la boucle par le sentier toujours bordé de palis en schiste vers l’étang de Langast, puis la Fontaine Madame et son jardin Potageons, un tracé à travers bois rejoint ensuite le centre ville. Un autre – privé, sillonne la forêt vers le « château » et l’Esat avec son poney-club et ses jardins… De prochaines explorations ?