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Initiatives collèges

                  Cette année 2017/2018, notre association intervient dans plusieurs établissements scolaires pour des sorties avec la classe « forêt » (collège St Laurent – Blain), des ateliers jardin (collèges Mermoz et Saint Joseph – Nozay). Nous sommes également sollicités dans le cadre de projets « E3D » (Etablissement en Démarche de Développement Durable). C’est le cas à Mermoz et Le Galinet.

                Ces interventions sont liées aux initiatives de jeunes de l’association qui contactent prof principal, Directeurs et Principaux de collèges. Ils ont l’habitude dans notre association de participer aux Conseils d’Administration, de prendre la parole, de formuler et concrétiser des projets.

                Voici deux exemples d’activités « jardin » menées depuis la rentrée 2017 à Nozay :

                                                                                         A Mermoz,

 on est enchanté par la réalisation de la saison dernière. Les élèves ont récolté quantité de légumes, le parterre fleuri est éblouissant… Mais, on note la présence de plantes envahissantes, en particulier la potentille rampante qui ressemble au fraisier sauvage, émet de multiples stolons et apprécie les sols humides. Une autre plante au rhizome vigoureux fait penser à une variété de carex… N’oublions pas que le collège est implanté sur d’anciens marécages.

              Lors de ma première intervention fin septembre, j’ai retrouvé les piliers du jardin – élèves, profs et personnel – toujours aussi souriants et accueillants. M. le Principal nous a même encouragés à créer de nouveaux parterres. Tandis que Maxence plantait des radis noirs et jouait le rôle de secrétaire, François semait ; Adélie, Zina et Fatima complétaient l’hôtel à insectes ; Julian, Ethan et Noah  transportaient des feuilles mortes et agrandissaient l’espace. D’autres désherbaient, ratissaient, maniaient la houe… dans la bonne humeur. Même Mattéo, perché sur ses béquilles, a pu participer en semant un carré de phacélie. Et, comme certains avaient une heure de permanence ensuite, nous avons pu prolonger en discutant métiers, stages, jardin… Un temps précieux.

                21 inscrits ! Comment ferons-nous quand ils seront tous là ? Faudra-t-il créer un 2ème jardin ? Varier davantage encore les occupations ?Pelles

  • Semis et plantations
  • Organisation de l’hôtel à insectes
  • Agrandissement de l’espace
  • Tours de brouette pour apporter feuilles mortes, herbes de tontes, et, nous l’espérons, terre végétale
  • Décor autour des parterres
  • Pose d’ardoises identificatrices

                Voilà déjà bien des initiatives…

       Début octobre apparaissent de nouveaux visages et une « libre organisation » se met en place autour de M. Peslherbe, proche des jeunes et toujours de bonne humeur. Julian et Noah m’attendent. Ce dernier se demande ce que cache ma casquette, verte de surcroît. Une pousse d’herbes sur le crâne ? Ethan s’inquiète de mes revenus : « Si tu n’es pas payé par le collège, comment fais-tu pour acheter dans les magasins ? » Maxence apporte son éternel sourire. Est-il  possible de déprimer face à ce visage réjoui ? Angéline me révèle que son père, maraîcher, pourra nous fournir des plants à défaut d’être présent… Je remarque aussi des visages plus sombres, soucieux, un jeune isolé ; Mais grâce à l’ambiance bon enfant, à la parole libérée, à la terre, la nature qui créent des liens, à des marques de confiance… l’apaisement revient au moins pour un temps. Et je me souviens d’une surveillante au collège St Laurent qui repérait sur la cour les élèves isolés pour leur proposer le « jardin » où ils se rassemblaient autour d’activités communes. Valorisés, ils retrouvaient le sourire, le collège y gagnait un visage humain, des amitiés naissaient…

         Mme Laporte arrive chargée de sauges, boutures de cassis, branches d’osier assombries et raidies par la vieillesse. Et chacun s’active. Alban plante et replante des fraisiers ; Noah et Maxence rajeunissent les parterres houe à la main ; Jalid et Julian s’occupent des aromatiques ; Zina, Adélie et Lola partent en expédition avec pelles et brouette. D’autres mains continuent à garnir l’hôtel à insectes. On interroge sur le nom des plantes. Mon couteau passe de main en main pour couper les ficelles des tuteurs du plant de tomates dont les fruits et les pieds virent au noir, pour rafraîchir les boutures de cassis aussi sous la direction d’Ethan. Et derrière les vitres sourient les profs d’EPS…

                Une ruche débordante d’énergie, une bonne entente voire une forme de complicité qui unit adultes et  jeunes de sixième à la troisième…

    Et l'hiver est venu...

               En hiver, les activités des jardiniers sont plus réduites. Dans un premier temps, les parterres préalablement définis, ont été recouverts de feuilles et tontes de pelouse. Puis les allées ont reçu des cartons recouverts également de feuilles afin d’assurer une continuité biologique. Le groupe Adélie, Zina… continue à se dresser devant l’hôtel à insectes partiellement dépouillé par les vents d’automne, imagine des solutions pour que les installations résistent aux caprices d’Eole, évoque les flirts entre collégiens… Les garçons les plus âgés réunis autour de Julian et des frères Pollet discutent longuement projet de classe avec M. Peslherbe, imaginent des haies fruitières et partent à la rencontre de M. Blanchard, principal, pour soumettre un projet de « haie fruitière » qu’il faudra affiner. Puis ils rejoignent Alban, Thibaut qui plantent géraniums vivaces et cardes de couleur. On manie aussi la houe pour délimiter le long parterre fleuri dont les œillets d’inde flétris vont se mêler aux couvertures de feuilles voisines. Parfois, un groupe de visiteurs survient, échappé à l’enceinte de la cour, à la recherche d’un coin tranquille, un peu moqueur ou provocateur. Des garçons au physique imposant mais au vocabulaire limité évoquent « coup de rouge ou de rosé », « plantation de cannabis » (C’est le cas dans tous les collèges où j’interviens ainsi qu’au jardin du Martrais). Une jeunesse à l’image de la société, des ados désireux de tester leurs limites,  avides d’expériences nouvelles…

                Certains mardis, le « jardin » se transporte en salle informatique pour une recherche documentaire sur les plantes, les techniques de culture. Mme Laporte rêve d’un refuge LPO, de nichoirs fabriqués en salle techno. On pourrait aussi créer un composteur à l’aide de palettes. Place à l’imagination, à la diversité des propositions qu’il faut apprendre à définir avec précision et chiffrer. Place aussi à un dialogue libéré des contraintes scolaires.

                                                                        Retour à Pota’Jo

                Cette année, le jardin du collège Saint Joseph de Nozay a été transféré à l’intérieur de l’établissement dans un recoin assez peu accessible et, pour une bonne moitié, gravillonné. Côté positif : des déplacements limités et l’existence sur place d’un « jardin des sens » plus ou moins à l’abandon.

                Les premiers mois ont donc été consacrés à l’info auprès des jeunes - 6ème prioritairement-, à la recherche de compléments en matière de terre, de paillage… et cartons que la professeure référente désire utiliser pour la création d’un jardin « lasagnes ». Ce type de culture repose sur l’accumulation de couches de nature différente : cartons, déchets verts, paillage, terreau… Il permet d’obtenir de bons résultats sur un sol ingrat. Par contre, ces « lasagnes » ne conviennent pas pour les semis et doivent être reconstitués chaque année.

                Ici, le terrain s’avère meilleur que prévu et l’on peut envisager de créer des buttes  avec des compléments de petits branchages, un apport de terre extérieur et surtout de feuilles. C’est ce que Mme Haye a organisé avec les services techniques de la commune. Par la suite, il faudra prévoir le transfert de l’hôtel à insectes et des plantes vivaces du terrain exploité l’an dernier, la construction également d’un abri à outils.

                Premiers contacts :

                Le groupe de garçons/filles est nombreux et majoritairement déterminé à se mettre à l’œuvre sous la direction bienveillante d’Edwin, un ancien, handicapé par un bras dans le plâtre. Thomas, autre pilier de l’an dernier  s’occupe avec un groupe de filles d’acheminer des cartons depuis la cave. Cartons disposés dans les allées créées par les « musclors » auxquels quelques conseils suffisent pour une efficacité remarquable.

  • Au moins, aujourd’hui on voit qu’on avance ! s’exclame Ewen, un « turbulent » selon Yvan. Mais un turbulent décidé au look revêche : boucle d’oreille, épaisse mèche vagabonde sur le sommet du crâne, un visage qui ne semble pas se laisser facilement impressionner. Un habitué du jardin aussi, au côté du papy et de son motoculteur.

                    Je remarque également le travail plus discret mais non moins efficace de Raphaël. D’autres s’acharnent houe à la main, mais les muscles ne suivent pas toujours.Ensemble

                    Au milieu du terrain, un professeur et quelques filles tracent un cercle autour d’un jeune cerisier qui végète.

                    L’heure passe vite et laisse un sentiment de satisfaction. Il faudra par la suite concilier les désirs de chacun avec les dimensions et la nature du terrain, permettre bien sûr aux multiples formes d’ardeur de se libérer et s’exprimer pleinement.

                    Et la terre est arrivée !

                    Terre et terreau déposés par les services techniques municipaux. Depuis, les jeunes emplissent les brouettes qu’ils déversent sur le terrain que l’on essaie de niveler. Mme Haye dirige la troupe (une dizaine, principalement des garçons), a déjà conçu le dessin des espaces potagers et fleuris qui seront bientôt délimités sur le terrain. Un poulailler est même prévu avec – surprise – possibilité pour les poules de se nourrir de la verdure potagère par un système de clôture tournante.

                    D’autre part, le jeudi, certains jeunes travaillent avec une autre enseignante à l’entretien du « jardin des sens » voisin où les espaces plantés ont besoin d’être relevés et les étiquetages refaits.

                    Apparemment l’activité est bien en place et il se pourrait que notre rôle s’achève prochainement. Une situation idéale, avec l’espoir toutefois que le dialogue avec les élèves et leurs choix auront une place déterminante dans la suite du projet.