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Histoire et légendes

histoire et légendes

 Un trésor à nos pieds ?

              
         Lors de ses recherches dans les arcanes du NET, PAD a découvert les traces d’un trésor dissimulé dans notre périmètre d’intervention. Un vendéen, poursuivi par les républicains, l’aurait caché durant la période révolutionnaire.
          Premier indice : un étang ancien à proximité d’un village.
           Nous voici donc en ce matin de mars sur la piste des guerriers vendéens, et surtout du « vieil étang » mystérieux. Les creux, les plantes aquatiques retiennent particulièrement notre attention. Tiens, voici justement une zone humide : des joncs, des fossés plein d’eau, des maisons qui surnagent, des personnages figés qui nous suivent du regard. Nous prendraient-ils pour des extra-terrestres ?
            Une automobile s’arrête à notre hauteur, la conductrice voudrait sans doute savoir ce que nous faisons là, mais nous l’interrompons avant qu’elle ne prenne la parole (!!!) : pas d’étang à sa connaissance dans les environs.
-          On devrait interroger ce vieillard en bleu de travail. Il doit approcher des 200 ans…
       Le vieil homme nous fixe de ses yeux jaunes et plonge au fond de sa mémoire. Le temps se fige. Et rien, ou plutôt si, il nous désigne une petite mare en bordure de route. Pas convaincant. PAD pense qu’il dissimule…
       En suivant l’eau des rigoles, nous prenons une voie sans issue. Terrains en friches, maisonnettes abandonnées, le lieu n’est guère accueillant. Pourtant un bâtiment neuf s’étale au-dessus de l’eau croupissante sur un terrain légèrement rehaussé. Drôle d’idée de bâtir en cet endroit… Nous avançons à travers champs attirés par des chênes plusieurs fois centenaires, un bois touffu. Nous nous enfonçons dans le terrain gorgé d’eau. Nouvelle mare où s’accumulent des gravats divers. Puis une troisième couverte d’herbe, sûrement ancienne. L’étang aurait-il été bouché ? Et pourquoi cette pierre bleue au pied du plus gros chêne ? Que font ces touffes de fragon dans ce milieu humide, autour de cet arbre ? Nous savons que ces arbustes servent de repères aux archéologues pour retrouver des constructions anciennes… Et cette butte : un simple tas de terre ou une ruine enfouie sous les ronces ?
       Muni d’un piquet de fer, PAD s’aventure dans le petit bois. Il enfonce l’instrument à la recherche d’une résistance, du « coffre au trésor »… Justement, le piquet s’arrête à une profondeur de 60cm et ça résonne ! Nous délimitons ainsi un petit cercle qui alimentera nos rêves de la nuit.
-         On pourrait  vérifier auprès d’un cadastre, suggère Laurent,  les noms de lieu témoignent du passé…, ou mieux, consulter une carte ancienne, depuis la Révolution l’étang a pu disparaître. J’en possède une, et j’ai déjà constaté que nos ancêtres étaient beaucoup plus prévoyants que nous : ils connaissaient l’importance de l’eau et avaient placé des barrages sur les ruisseaux pour constituer des étangs.
       Eh oui, aujourd’hui les agriculteurs drainent, arrachent les haies, veulent évacuer l’eau au plus tôt. Autrefois on essayait de la conserver. Qui sont les plus sages ?
       Le soir venu, coup d’œil à la carte : l’étang est bien là avec son barrage sur un ruisseau. Ce sera l’objet de notre prochaine expédition. Les indices se précisent, l’aventure nous attend. A défaut de louis d’or ou pièces d’argent, le trésor de la nature nous tend les bras !
 
     Indices en vue :
       Deuxième jour. Après un pique-nique forestier, nous voici à nouveau sur la piste du « trésor Chouan ». Mais cette fois nous n’avançons plus à l’aveuglette : la carte ancienne nous guide vers les repères mentionnés dans le message.rgppadcercle.jpg
       D’abord « le pic du grand bois ». « Pic sommet » ou « pique qui descend ». Les deux interprétations sont possibles. Nous parcourons le bois (ce qu’il en reste) sur toute sa longueur, du ruisseau vers le sommet. Il est bien entretenu et sans doute fréquenté par de grands animaux : nous avons repéré des empreintes de cerfs en lisière. Marche agréable : les branchages protègent du vent tout en laissant passer les rayons du soleil.
-          Une pierre bleue !
-         Sans doute une borne de délimitation de parcelle comme il en existe encore en forêt du Gâvre… A ne pas négliger cependant.
-         Regarde ce cercle d’arbres !
-         Treize, comme Jésus et les apôtres, une disposition inhabituelle au milieu d’un bois.
-         Un autre cercle là-bas !
        Sept arbres cette fois, autre chiffre magique. Décidément nous sommes dans un bois étrange. Sorciers et sorcières doivent s’y donner rendez-vous… Quant au trésor…
       Par des pentes humides où l’eau se cache, traîtresse, nous regagnons la route. Un étang à gauche, mais il ne correspond pas à l’emplacement sur la carte.
-          Si tu étais vendéen de la fin XVIIIème poursuivi par une armée en terre inconnue, où cacherais-tu un trésor ?
-          Dans un lieu typique, reconnaissable, remarquable, pas trop loin d’un chemin… ni trop près non plus.
-          Au pied de cette croix peut-être ?
       Mais la croix est trop récente, elle a été érigée au milieu du XIXème siècle.
Nous tournons un peu en rond avant de consulter à nouveau la carte.
-          Le vieux chemin ! s’exclame Laurent, mais c’est bien ça ! Sûrement le lieu de passage des « transporteurs d’or » ! Et regarde là-bas cette butte de terre, ce pourrait être le barrage de l’étang, comme sur la carte.
                Un haut grillage infranchissable doublé de 3 rangs de barbelés, l’endroit est bien gardé. Nous longeons la clôture, affrontons ronces et eau croupissante, avant d’apercevoir le « vieil étang » où se reflètent nuages et ciel bleu. Des aménagements ont été effectués divisant la pièce d’eau en plusieurs parties avec passerelles. Un grand bâtiment en bois se dresse à proximité, inoccupé semble-t-il. Résidence d’été probablement, en tout cas une propriété isolée mais fort bien défendue !
       Nous progressons…
       Et revenons vers la route, le vieux pont mentionné dans le message, le ruisseau qui oblique à 90°… au milieu d’une autre propriété, elle aussi enfermée derrière ses clôtures. Brrr… on n’est guère accueillant ici ! Des chercheurs de trésor qui veulent être tranquilles ?
       Quoi qu’il en soit, nous sommes heureux de nos découvertes et du nouvel  élément, fruit de nos investigations et réflexions : « le vieux chemin ». Excitation intellectuelle et aventures en pleine nature, un vrai trésor décidément !
       Sur le chemin du retour, nous revient à l’esprit une confidence de Mme Ferré : Dans une propriété du Gâvre se cache un arbre rare, l’oranger des Osages, aux pépites  grosses comme des oranges. Il faut le sauver !
Expérimentés comme nous sommes désormais, nous ne pouvons faillir dans cette seconde mission. Laurent a une idée assez précise du lieu. Alors, en avant !
       En peu de temps nous atteignons les murs du domaine abandonné, une brèche entre deux pierres bleues et nous voici entourés de « pépites d’or ». En fait, des sortes d’oranges jaunes et bosselées, souples au toucher. L’arbre croît au milieu des pierres d’un bâtiment en ruine, et la fructification est abondante. Nous remarquons les racines orangées et dures, les épines menaçantes à la base des feuilles : de quoi défendre cette étonnante « richesse » dont nous emportons quelques spécimens. En fait, les « fruits » n’en sont pas vraiment : l’ «orange » est constituée d’une multitude de petits fruits agglomérés, comme les mûres. 
       Retour au point de départ : l’ordinateur et sa « toile » aux multiples fils reliés à une foule de renseignements souvent répétitifs et pas toujours fiables.
 
     Oranger des Osages, qui es-tu ?r1orangeos.jpg
       L’arbre à feuilles caduques, de la famille des mûriers a été identifié en 1673 par un missionnaire dans la région des indiens Osages (Missouri). Ceux-ci utilisaient son bois lourd, dense, qui ne fend pas, pour leurs arcs. Le latex jaune fourni par les fruits servait de teinture pour le visage et les vêtements. Aujourd’hui, l’arbre épineux constitue des haies défensives, le bois est parfois transformé en manches d’outils.
       C’est surtout à partir de 1824 qu’il a été importé dans le sud de la France comme substitut aux mûriers victimes du gel. En juin, les arbres se parent de fleurs verdâtres en boule qui se transformeront en fruits incomestibles  d’abord verts, puis jaunes. Il en existe quelques spécimens dans les parcs au nord de la France, par exemple à Procé… et au Gâvre ! Espérons que les nouveaux propriétaires du lieu où il est implanté sauront apprécier son originalité !
 
      Une fleur, un arbre, un animal entraperçu, le chant d’un oiseau, le murmure d’un ruisseau, matin de brume et soleil couchant, sourire émerveillé d’un enfant, travail et loisir partagés, coin de verdure dans la cité… C’est la VIE !
       Et si les vrais trésors étaient là ?
       Vous tous, élus, responsables politiques, économiques, un peu de courage : enlevez vos œillères et luttez pour sauver ces « chemins d’avenir » !
 

La fosse aux juifs

               
                 Un lieu gravé dans la mémoire des participants à la classe «  forêt », révélé par une gâvraise porteuse de la tradition.
 
                Pierre-Axel s’y rend parfois avec un copain pour « se faire peur », et ce soir il nous guide sans hésitation.
                Un trou sombre au milieu du bois, une eau noire où pourrissent des branchages. L’ONF a créé des brèches pour limiter la profondeur et, peut-être, faire oublier ce lieu sinistre témoin des peurs ancestrales,  d’un passé peu glorieux.
 
              Les livres d’Histoire nous apprennent qu’au Moyen-âge les juifs étaient tantôt protégés par les puissants qui les imposaient fortement, tantôt transformés en boucs émissaires tenus pour responsables de tous les malheurs, particulièrement durant les croisades. Si l’on mourait sous les murs de Jérusalem, c’était de leur faute (Ils avaient mis à mort Jésus !). Quand les croisés ramenaient la lèpre, la peste et d’autres maladies, on les accusait d’empoisonner l’eau. Leur instruction, la profession d’usurier (prêteurs d’argent) de certains – interdite aux chrétiens- suscitaient aussi des jalousies…
                …Et ce sera la « chasse aux juifs » sous Philippe Auguste au 12ème siècle, puis leur rappel pour renflouer les caisses de l’état. En 1269, un décret de Louis IX  leur impose de porter une « rouelle jaune » sur leurs vêtements, l’une dans le dos, l’autre sur la poitrine à partir de 14 ans (cela ne vous rappelle-t-il rien ?). Le jaune, couleur du soufre, était considéré comme le symbole du diable, de la trahison, de la folie… Début 14ème, de nouvelles expulsions sont ordonnées et les persécutions atteignent leur paroxysme au milieu du siècle lors de l’épidémie de peste noire… C’est dans ce contexte, où se mêlent Histoire et légende que s’intègre la « fosse aux juifs », lieu où les gâvrais de l’époque les auraient noyés pour conjurer leurs malheurs, lieu où – dit-on – les nuits de pleine lune on peut encore entendre gémir leurs fantômes…
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                PAD s’approche du bord. Pas d’eau ici, mais une sorte de voile noir, de manteau épais orné de feuilles mortes. Les écailles d’un dragon ? Curieux, le jeune homme y pose un pied qui s’enfonce brutalement comme aspiré vers les profondeurs. Il s’accroche aux arbres proches et regagne la rive surélevée, à la fois impressionné et soulagé :
-          J’avais l’impression qu’on me tirait par les pieds ! »
          Un branchage lancé au milieu de la « mare » produit un son mat. Ni vague, ni oscillation, la surface retrouve immédiatement son aspect de « gueule dévoreuse », immobile, figée dans l’attente.
           Muni d’une perche, Pierre-Axel descend à nouveau prudemment, désireux de sonder les profondeurs. Une boue visqueuse aspire le bois sur plus d’un mètre et, soudain, le pied dérape, aspiré lui aussi… Vite, PAD regagne les hauteurs, et c’est de la butte de terre que nous observons une tache blanche qui surnage.
-          Un crâne, suggère l’adolescent
            Plus proches, des osselets, quelques plumes.
-         Les restes d’un oiseau, suppose Laurent, sans doute piégé dans ces eaux destinées à se nourrir de cadavres.
 
           Une pensée pour les victimes, pour les hommes qui utilisent nature et animaux pour détruire leurs semblables. Cruelle humanité, nature aux multiples visages… Et voilà que les moustiques attaquent. Gros et goulus, ils se précipitent sur les visages, les mains, les pieds. Pas question de s’attarder davantage !
 
          Nous venons de quitter les lieux quand notre regard est attiré par un pic en plastique vert fiché dans le sol. Un long fil orange y est noué. Nous le suivons. A l’extrémité, une pierre est attachée. Elle permet de tendre le fil.
 
           Nouveau mystère…