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Confinements (et contradictions)

Confinements (et contradictions)

              Grippe aviaire dans l’air ! Alerte ! Rien à craindre pour les humains, mais que va-t-on faire de nos foies gras interdits d’export hors Europe (environ 5% de la production) ? On abat à tour de bras, on enferme, on « confine » (de « con » et « fin » = avec des limites), on dresse des filets.  A qui la faute ? Aux migrants bien sûr ! Ces oiseaux qui viennent de l’étranger exprès pour nuire à nos élevages. Des murs aux frontières pour les migrants humains, des filets (il faudra qu’ils soient hauts !) pour les migrants ailés ! On pourrait aussi tuer tous les oiseaux sauvages, à quoi servent-ils ? N’est-ce pas une aberration dans notre monde civilisé ?

                Surtout veillez à votre consommation, au bien-être des animaux. Favorisez les élevages de plein air, achetez  des œufs de poules élevées en liberté, se nourrissant de légumes, d’herbe (moins de mauvais cholestérol).

-->Le problème ne serait-il pas plutôt un modèle de développement, de société, en contradiction avec les aspirations profondes des citoyens ?

                Attention pollution ! Limitez vos sorties, évitez les activités sportives, « confinez (encore) enfants et vieillards dans les appartements afin qu’ils ne courent pas ! » (interview d’un professeur de médecine sur France Inter)

                Manger, bouger, le secret de la santé, lit-on dans les magazines et les dépliants publicitaires. Le programme national nutrition/santé encourage à « pratiquer quotidiennement une activité physique, au moins trente minutes de marche rapide »…

                Voitures confinées au garage : les particules fines polluent et nuisent à la santé. Marchez à pieds, roulez à vélo (tout en évitant les efforts physiques), prenez les transports en commun (voies ferrées mal entretenues…)

                Voitures/avions, fers de lance de notre économie ! Des secteurs à protéger ! Le diésel, une spécificité glorieuse de notre pays…

                Le bois, une source d’énergie d’avenir (on pourrait aussi évoquer la « bio (?!)masse » à partir des cultures de maïs et autres céréales). Collectivités et particuliers sont encouragés à utiliser chaudières et poêles à bois. On construit des plateformes de stockage (encore du béton) et investit dans nos communes, en forêt les clairières s’étendent, d’énormes engins grondent dans les futaies…

                Mais attention : la fumée pollue, disperse des particules fines. En cet hiver, on incite à ne pas allumer les cheminées, on ne veut pas voir de fumées au-dessus des toits !

                Il faut développer les exploitations familiales, « à dimension humaine », soucieuses de l’environnement et du bien-être animal, fournissant des produits de qualité sains et goûteux…

                Mais, en même temps, nos ministres signent allègrement des autorisations pour les « mégas fermes », parfois même contre l’avis des préfets. Des exemples ?

*1.5 millions de poules - *120 000 agneaux - *1000 vaches  - *23 000 cochons - ...

                Ces fermes/usines sont le plus souvent la propriété d’industriels, de sociétés par actions ; les agriculteurs ne sont que des employés chargés d’assurer une rentabilité à bas coût, les animaux sont devenus des « choses » que l’on manipule comme telles (ainsi les porcelets sont castrés à 3 jours, leurs dents coupées, qu’ils survivent s’ils le peuvent !)  - Référence : « Le monde en face » sur France 5.

                Préservons les terres agricoles indispensables à notre économie, à l’indépendance alimentaire, à la survie de la population. Il en va de même des zones humides qui permettent d’éviter les inondations, protègent les ressources  en eau, une richesse de plus en plus enviée.

                Et pourtant, tant de maires et d’élus ne parlent que d’emplois, confondent développement et constructions nouvelles, bétonnent à tour de bras (2ha toutes les 20 minutes) : « la terre agricole n’a de valeur que bâtie ». Des collectivités bradent leurs propriétés agricoles, modifient les zonages à leur gré, créent des zones de préemption pour satisfaire des intérêts particuliers, plaire à de puissants lobbyes. Et les agriculteurs ne sont pas exempts de contradictions… Le président du principal syndicat agricole n’est-il pas lui-même un industriel de l’agro alimentaire ?

                En Allemagne, considérée souvent comme modèle, on consomme chaque année 2 fois moins de terre qu’en France, et une nouvelle loi envisage de diminuer encore de 2 fois les zones bétonnées… - Même référence que ci-dessus.

                Paroles et actions, on n’est pas à une contradiction près ! « Un défaut de l’homme contemporain est d’affirmer au lieu d’interroger ». Merci aux « lanceurs d’alerte » de nous ouvrir les yeux et bon courage à tous ceux qui osent résister !

Laurent