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A la rencontre du patrimoine

A la rencontre du patrimoine

Stroch     Saint Roch,

 délivrez notre terre,

 des pestes ordinaires !

   

 « Un amas de branchages derrière la chapelle nuit au site. »

     Alertés par cet appel, nous décidons de nous rendre sur place.
                Bien que petite, elle en impose la chapelle perchée sur son rocher ! Comme nous avons pris soin d’emprunter les clés, nous entrons pour évaluer l’évolution des fresques qui ornent tout l’intérieur. Il s’agit de peintures murales réalisées selon la technique « a fresco ». Si certaines parties, dans le chœur, côté nord… gardent leurs couleurs éclatantes, d’autres ont souffert, se ternissent, se dégradent… La chapelle bâtie en 1450 pour conjurer la peste n’en demeure pas moins un haut lieu de notre patrimoine blinois. Côté nord, on reconnaît la danse macabre et des épisodes de la vie de St Roch. Dans le chœur, les quatre évangélistes, à l’ouest la Vierge, au sud branchages, oiseaux et semeur qui évoquent la vie rurale. D’autres réalisations des compagnons fresquistes sont disséminées dans les environs. Parmi elles, le calendrier du Moyen-Age, œuvre d’une classe de 5ème du collège St Laurent, est particulièrement bien conservée.
                Deuxième étape du jour : l’environnement de la chapelle. Nous sautons de roche en roche pour faire l’état des lieux.
                Soudain, l’attention de Thomas est attirée par un papier à moitié dissimulé sous une pierre. Un genre de petit carnet dont le contenu nous intrigue. Des dates, des « IN », des « OUT » que notre niveau d’anglais nous permet de traduire sans apporter d’éclairage suffisant.
                Ainsi quand on lit IN : un éléphant, OUT : un chalet, on reste fort perplexe. Où a-t-on pu introduire un éléphant ? Il y a bien une étendue boisée à proximité, Chaparrmais ni empreinte ni barrissement… Et le chalet ? Message suivant : « Lutin des bois » a sorti l’éléphant ! Dans quel monde venons-nous de pénétrer ?
                Thomas, qui a continué de fureter aux alentours, glisse la main sous un rocher et met au jour un récipient : des fèves, des billes, de petits objets… et surtout une fiche explicative. Nous avons découvert l’une des cachettes d’un réseau international. La visite du site « geocaching.com » achève notre initiation. Des personnes occupent leurs loisirs  à la recherche de cachettes que l’on peut trouver à l’aide d’un GPS ou d’une carte détaillée présente sur le site. On apprend ainsi qu’une dizaine de cachettes existent sur Blain, aucune sur Le Gâvre, une à Clégreuc…, que les meilleurs chercheurs comptent leurs découvertes par milliers. Les membres peuvent aussi participer en créant de nouvelles caches sur des sites jugés remarquables, sites classés d’ailleurs par thèmes. Une autre façon de faire du tourisme en y ajoutant l’excitation de la recherche et le plaisir de la découverte.
                La lecture du document nous apprend que cette cache a été créée le 22/7/2011 par les « 4 voyageurs de l’extrême » et qu’elle porte le nom de « Sauvés de la peste III ». La dernière visite date du jour même. « Nolian » est fier d’avoir déposé son premier « geocoin » avec une clé. Derrière le porteclé, nous lisons « Help me travel from cache to cache. Track me at geocaching.com » suivi d’un numéro de code.
                Avis aux aventuriers !
                Quant au dépôt de branchages qui a motivé notre déplacement, nous le repérons un peu plus loin sur un lit de bâches agricoles. Les branches sont apparemment issues de la taille d’arbustes du site. Il n’en faudrait pas moins les évacuer pour rendre à l’ensemble : rochers, chapelle, chênes plus que centenaires… tout son charme. C’est pourquoi nous avertissons la police municipale.
                Un peu plus loin, une étendue boisée nous attire irrésistiblement. Nous découvrons d’abord une ancienne carrière de pierres emplie d’eau sombre, bordée de roseaux beige clair. Un joli panorama à préserver. Le chemin herbeux qui longe le plan d’eau conduit au cœur d’un jeune bois où alternent parcelles de feuillus et de résineux. Sous une ligne à haute tension (est-ce bien prudent ?), à l’intersection de deux allées, un mirador ne laisse aucun doute sur l’une des activités du lieu : la chasse. Point positif toutefois : l’endroit n’est pas fermé, aucune pancarte n’interdit l’accès au bois contrairement aux parcs de chasse qui s’étendent aux environs de Blain. Il faut dire que –sans doute par souci électoraliste- ces espaces bénéficient d’une exemption de taxes foncières. Et dire que certains prétendent qu’il faut sacrifier les jardins pour construire et préserver les terres agricoles !!!
 
                Emportés par notre élan, nous décidons de gagner l’ancienne voie ferrée, direction Fay-de-Bretagne. On nous a signalé un jeune bois pollué par des dépôts de plastique.
                Il s’avère que la voie ferrée est devenue un chemin parfaitement praticable sur un ballast solide. Comment peut-on ne pas comprendre notre souhait de voir prolonger ce genre de voie paisible, sans goudron, vers Le Gâvre et Vay ?
                Notre cheminement nous conduit rapidement au bois concerné. En effet, nous apercevons, entre les arbres, des morceaux de tuyau plastique, type drainage, des restes de bouteilles aussi, semble-t-il. Nous pénétrons dans le sous-bois et constatons que ces plastiques sont nombreux. Il s’agit vraisemblablement de protections contre le gibier au moment de la plantation. Mais aujourd’hui, quelques dizaines d’années plus tard, ces plastiques sont disséminés sur le terrain sans espoir de dégradation. On ne peut qu’encourager le propriétaire à mettre fin à cette situation qui nuit au site et à la nature.
 
                Retour par Beaumont et ses pistes de motos, quads, 4x4… Thomas tente de déplacer des rochers pour fermer les nouveaux passages de véhicules, véritables provocations envers la municipalité… Et c’est au crépuscule que s’achève cette journée de vacances riche en découvertes.
                Dimanche… Paix et sérénité sous un soleil quasi printanier ? Non point ! Voici qu’Annie nous signale une nouvelle attaque des démons de la pollution. Il faut partir en croisade ! Ses indications nous conduisent en forêt du Gâvre, route de Plessé. Nous repérons en lisière des jaunes et rouges agressifs, pas du tout en harmonie avec le lieu. Effectivement, profitant de l’entrée d’un chemin forestier, on a déposé là 2 fûts à huile, 1 gros bidon plein semble-t-il d’huile de vidange, un autre plus petit qui contient encore un herbicide, des enjoliveurs, de la laine de verre… Nous rassemblons le tout de façon visible et accessible et alertons l’ONF. A signaler toutefois que des coupes d’éclaircie sont en cours sur cette parcelle. Pourquoi n’a-t-on rien fait ? Pourquoi cette indifférence de forestiers normalement proches de la nature ? Et, pire encore, comment comprendre l’attitude du pollueur ?…
 
 
Chemins creux
 
A la rencontre de l’Histoire
 
            Chasse…non !!!!C’est le lieu-dit d’où nous partons en ce samedi matin. Et il reflète bien l’état d’esprit de Marceau, Pierre-Axel et d’autres membres du groupe.
            Conduits par Paul Couëdel, un octogénaire alerte à la mémoire fidèle, nous atteignons un monticule caché dans un espace boisé en bordure de la route Blain-Guémené. Une porte s’ouvre devant nous, puis c’est un couloir sombre de plusieurs mètres dans l’épaisseur de ce qui semble un mur. Heureusement que nous avons un guide !!!!  En effet, ce couloir débouche sur un trou de plusieurs mètres de profondeur : une véritable oubliette! Le plafond voûté évoque un four… En réalité, c’est tout le contraire : il s’agit d’une glacière d’avant les frigos. En hiver, la glace des étangs proches était transportée dans ce trou où elle se conservait tout l’été. D’où les murs épais, la terre qui recouvre le dôme et qui est plantée d’arbres pour apporter de l’ombre. Un bâtiment comme il en subsiste sans doute bien peu aujourd’hui.
            Pendant la guerre 39/45, alors qu’un camp anglais était installé à proximité, cette « glacière » s’est transformée en « poudrière » pour les soldats.
            390 anglais occupaient le camp. Ils étaient chargés de constituer tout un réseau de voies ferrées. En deux mois, des kilomètres furent installés avec une gare comportant huit voies… Mais, le 17 juin 1940, en moins d’une heure, il fallut évacuer les lieux laissés aux allemands. Des 390 anglais embarqués sur le Lancastria, 29 seulement atteignirent les côtes anglaises. En effet, le navire fut bombardé et une bombe tombée dans la cheminée le fit exploser : plus de 5000 morts !
 
           Nous passons ensuite devant le manoir de la Gracinaie, une imposante bâtisse du XVème siècle, aujourd’hui inhabitée. Notre guide nous précise qu’elle possède, à l’étage, près du salon, un « vomitorium » où les invités venaient se soulager de leur « trop plein » pour continuer à faire honneur aux plats servis ! Ce manoir a longtemps appartenu à la famille Cocaud dont l’un des membres avait été emmené à Paris pendant la Révolution pour être guillotiné… mais il mourut en chemin.
 
            Et voici la voie ferrée par où transitaient les sabots de la forêt du Gâvre. Sur cette commune, un tronçon est envahi par les broussailles et mériterait d’être réhabilité. Nous prenons à droite vers Blain, une longue ligne droite bien entretenue. Un peu plus loin, nous descendons le talus, traversons un ruisseau avant de suivre divers chemins. C’est là que nous découvrons des mares hantées par les ragondins, quelques trous de blaireaux et un « chemin creux » caché sous les ronces. En réponse à une question de Christophe, notre guide nous apprend que ces chemins étaient creusés régulièrement pour atteindre le « sol dur », la terre rejetée sur les côtés formant des talus plantés de haies.
 
            Nous voici sur le « chemin aux loups ». Sans doute celui qu’ils empruntaient en période de disette pour se rapprocher des maisons blinoises avant de regagner les taillis de la forêt. Mais Paul, notre guide, évoque aussi l’histoire d’un enfant qui aurait été mordu par un loup enragé. Imaginez l’horrible « remède » : on l’étouffait !! Quelqu’un était désigné pour cette terrible tâche, à la fois pour protéger les autres et éviter à la victime de plus grandes souffrances… Merci Pasteur !!!
            Le chemin franchit une sorte de mini gué à proximité d’un étang où quelques ragondins pointent le museau. Une meute de chiens et des cors se font entendre, une battue sans doute dont nous croisons les protagonistes sur le chemin des « grisons » : une sorte de pierre constituée de graviers agglomérés.
            Paul nous fait remarquer, profondément enfoncé dans le tronc d’un chêne, un palonnier, souvenir du "hangar au chat" (famille Lechat) qui se dressait en ce lieu.
            Nous atteignons la route face à une "grotte de Lourdes", avant de regagner le point de départ en longeant des carrières de gravier abandonnées. Nous essayons d’imaginer les nombreuses voies ferrées qui s’étendaient là, comme nous le montre la carte que Paul a emportée. Nous évoquons les blockhaus à proximité, souvenirs mémorables des classes « forêt » du collège St Laurent, et Paul nous apprend que le préau de l’école primaire du même nom a été construite avec les poteaux métalliques qui soutenaient les hangars au-dessus des quais bétonnés ! Lui-même a participé à leur transport.
 
            Une sortie « nature » riche en enseignements. Des lieux de mémoire et de loisir qui méritent d’être conservés !
            Merci à notre guide du jour.