En l’occurrence, l’aventure commence sur Internet avec la recherche d’un emploi d’été. On trouve tout sur « le bon coin », même ce type d’annonce… Malgré de nombreuses mises en garde, voici notre héros séduit par l’entrée dans le « vrai » monde du travail et la promesse de gains appréciables en vendant des « douceurs » à la Baule, trajet assuré par le patron, contrat à la clé avec formation, pas de question d’âge minimum et sûrement des moments de détente sur la plage… Le rêve ? Le RDV est fixé à Nantes dans une boutique… de téléphonie ! Etrange pour un fabricant de « douceurs » garanties locales et de qualité supérieure ! En fait, il s’agit de boîtes de caramels, 25 par boîte à vendre 17 euros dont 3 euros pour le vendeur. Une marchandise de saison, vraiment, alors que la canicule règne sur le goudron des rues.Premier matin. Départ avec une heure de retard sans le contrat promis, à 9 dans une voiture de 8 places aux feux endommagés. Des jeunes de la banlieue, un peu paumés, prêts à obéir au « patron » pour quelques euros. Sur place, la formation est rapide : "tu choisis de préférence des petites vieilles, tu leur expliques que tes parents sont au RSA, n’ont plus de ressources et qu’il faut que tu vendes pour manger…" Mais laissons la parole à notre homme de terrain : « Je bous d’indignation lors des premières rencontres-démonstrations avec la « formatrice », femme du patron, puis je reçois mon paquet et l’on m’abandonne dans une rue. Un rapide examen me montre qu’une étiquette a été collée sur l’originale des boîtes de précieux caramels. En fait, il s’agit de premiers prix vendus 4 euros dans les supermarchés.Midi… Une heure… J’en ai fait des maisons pour rien, honteux à l’idée de tromper les clients.13h30 : mon estomac crie famine. Le sandwich que j’ai emporté est resté dans la voiture de l’exploiteur qui, au téléphone, exige que j’augmente les ventes avant de pouvoir manger. Il faut dire que le reste de l’équipe fait le ramadan… Je finis par menacer de partir avec les boîtes invendues, et il décide enfin de me rejoindre. Rassasié, mais sans eau, je vends 2 boîtes puis dégouté, je m’enfuis… Dix kilomètres à pied sous un soleil ardent. Je défaille. A la limite de l’évanouissement, je fais demi-tour et parviens à rejoindre mon « quartier de vente ». Et je vais de porte en porte – au moins 200 – pour débiter mon nouveau discours dans lequel j’explique l’arnaque dont je suis victime. Parfois on m’offre 2 ou 3 euros, des fraises, des framboises… De quoi tenir le coup.19 heures…,j’appelle pour rentrer. Pas question : je n’ai pas vendu assez. Si je ne fais pas un effort, on m’abandonne sur place ! Je menace d’appeler la police. Mon interlocuteur s’adoucit et arrive un quart d’heure plus tard. Parmi les autres jeunes, certains ont bien vendu en apitoyant les clients et voudraient aller faire la fête sur la plage. Ils n’ont pas d’heure pour rentrer, moi je suis attendu…20h30 : retour vers Nantes. Je suis fort énervé et « riche » d’une expérience à ne pas renouveler !! Je compatis envers mes complices d’un jour tout en cherchant le bon tram, indien perdu dans une ville où personne ne semble me comprendre. Les gens que j’interpelle passent sans me voir ou se détournent indifférents. Et pas moyen d’acheter un ticket avec mes billets : la machine ne veut que des pièces ! Tant pis, je prends le risque de faire le trajet sans payer, je n’ai pas le choix.23h30 : j’atteins enfin le point de RDV où l’on m’attend depuis des heures. Je suis harassé, agacé, attristé pour mes collègues arnaqués, la ville si peu humaine ; indigné par les exploiteurs qui vous traquent sur le NET. Taupe dans le réseau, j’ai pu fuir rapidement, mais combien d’autres sont victimes naïves des « jobs d’été » ?